Une question suscite de vifs débats : l’alignement du délai de carence des fonctionnaires sur celui du secteur privé. Ce sujet, au cœur des préoccupations tant des agents publics que des décideurs politiques, soulève des enjeux majeurs en termes d’équité et de gestion des ressources humaines.
Alors que certains y voient une nécessité pour harmoniser les conditions de travail entre les deux secteurs, d’autres craignent un impact négatif sur la motivation et le bien-être des employés publics. Cet article explore les différentes facettes de cette proposition controversée et ses implications potentielles pour l’avenir du service public.
Objectif et contexte de la réforme
Face à une hausse préoccupante de l’absentéisme dans la fonction publique, le gouvernement envisage une réforme des arrêts de travail. En dix ans, les jours d’absence ont bondi de 43 millions à 77 millions, soit une augmentation de 80 %, selon un rapport des inspections générales des affaires sociales et des finances.
Cette situation pèse lourdement sur les finances publiques, avec un coût estimé à 15 milliards d’euros en 2022. Comparativement, les fonctionnaires s’absentent en moyenne 14,5 jours par an contre 11,6 jours pour les salariés du secteur privé. Le gouvernement souhaite ainsi responsabiliser les agents publics tout en alignant leur régime sur celui du privé.
Mesures proposées et économies attendues
Pour réduire l’absentéisme dans la fonction publique, le gouvernement prévoit d’allonger le délai de carence des fonctionnaires de 1 à 3 jours, alignant ainsi leur régime sur celui du secteur privé. Cette mesure pourrait générer 289 millions d’euros d’économies en 2025.
Par ailleurs, il est envisagé de diminuer le taux d’indemnisation des arrêts maladie de 100 % à 90 %, espérant économiser 900 millions d’euros supplémentaires. Toutefois, certaines exceptions sont prévues pour les accidents de service, les maladies graves ou liées à la grossesse. Ces réformes visent à alléger le fardeau financier tout en suscitant un débat sur leur impact social et économique.
Réactions et perspectives syndicales
Les syndicats critiquent vivement les nouvelles mesures, qu’ils jugent injustes et inefficaces. Ils estiment que ces réformes pénalisent injustement les agents publics sans s’attaquer aux véritables causes de l’absentéisme, telles que les conditions de travail dégradées.
Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction publique, dénonce un « fonctionnaire bashing » et appelle à une amélioration des conditions de travail plutôt qu’à des coupes budgétaires. En réponse, le gouvernement envisage d’ouvrir des discussions avec les syndicats sur des solutions à long terme, incluant la qualité de vie au travail, la simplification administrative et la protection contre les violences. Ces initiatives visent à créer un environnement plus favorable pour réduire durablement l’absentéisme.